La compétence pluridisciplinaire du travail auprès des Gens du voyage et populations fragilisées

Un constat, habiter ce n’est pas être quelque part mais y vivre. Et pour les collectivités auprès desquelles nous intervenons, tout comme pour les ménages que nous devons amener dans ces cadres complexes de partage du droit, construire n’est qu’un aboutissement.

Le travail de CATHS c’est :

  • Souvent sur des bases d’échecs ou de non-actions, évaluer les besoins résidentiels effectifs des gens du voyage d’un territoire dans leurs diversités : la question d’un diagnostic approfondi dépasse pour cela les données symptomatiques. Elle est la clé pour penser, valider et ensuite engager des projets.
  • Décrire les besoins matériels et immatériels qui permettront de réussir ces réalisations : ce rôle est essentiel ! Il s’appuie sur le constat brut que la qualité constructive est sans résultat si le besoin est, comme trop souvent, mal défini. Cela impose de travailler au-delà des expressions brutes pour construire des programmes.
  • Accompagner les équipes et les familles : Résider, habiter, cela s’apprend et se désapprend ! Dans l’empirisme de nombre de situations le mieux est l’ennemi du bien ; et du droit. S’inscrire dans un projet urbain global, presque toujours en rupture avec des années de pratiques antérieures de survie ne peut pas s’improviser et doit être sécurisé dans la durée. Cela implique que les acteurs locaux soient en compréhension et capacité d’accompagner ces situations.
  • Suivre et stabiliser les situations créées : c’est le passage de l’action au droit ; de la rupture entre la survie tolérée, principalement excentrée, et le rétablissement d’un lien social de voisinage respectueux des cultures réciproques. A ce stade la transmission entre les équipes d’ingénierie et les acteurs du quotidien s’inscrit dans un dialogue, formation/information/transmission.

Sur le fondement de ces compétences CATHS intervient dans à peu près toutes les démarches de résorption de situations interrogatives ou problématiques que posent les populations marginalisées sur les territoires, avec une très forte dominante gens du voyage.

Cela se décline de façon non exhaustive en :

  • Schémas départementaux d’accueil et d’habitat
  • Maitrise d’œuvre Urbaine et Sociale (MOUS/MOS)
  • Opérations RHI-bidonvilles
  • Etudes diagnostic et/ou programmation territoriales
  • Assistance à Maîtrise d’Ouvrage pour le portage de projets adaptés
  • Maitrise d’œuvre spécialisée (sous pilotage Studio K architecture)

Un bureau d’étude en Ingénierie sociale

La question de la classification de nos actions nous a interrogés. Elle est intrinsèquement liée à notre histoire qui autour des associations de terrains militantes et engagées dans des approches sociales globales ont interpelés nos métiers et leur sens :

  • Architecte ? oui mais pas que cela
  • Urbaniste ? une autre brique de ce mur
  • Médecin, infirmières ? Bien sûr, mais soignants directs
  • Avocats ? l’évidence du besoin du droit pour tous
  • Economistes ? également, pas de survie sans ressources légales
  • Anthropologues, sociologues ? indispensable pour dépasser nos savoirs individuels

Dans ce patchwork d’acteurs questionnés sur leurs interventions par parties et les limites qu’elles portaient, le travail pluridisciplinaire transversal s’est imposé tant l’absence d’une quelconque de ces composantes bloquait la compréhension globale des situations auxquelles nous étions confrontées.

Pour l’INSEE c’est de l’ingénierie sociale. Alors depuis 1993 nous sommes une structure d’ingénierie sociale.

Notre champ privilégié est celui des interstices sociétaux au sein desquels vivent ou survivent tous ceux qui n’ont pas su inscrire leurs quotidiens dans des codes parfois incompréhensibles pour qui n’a pas été élevé avec.

Tous ces gens qui bien que citoyens n’arrivent plus à trouver leur place, ceux dont les cultures et les rêves les conduisent avec d’autres valeurs et auxquels les portes du droit dit commun sont inaccessibles. Dès lors nous  pensons que c’est au droit et à ses acteurs qu’incombent le devoir de déplacer les portes plutôt que d’y pousser les gens.

Une compétence au service des collectivités locales

Dans notre démarche la notion de travail d’ensemblier au service de … est essentielle. Dès lors nos commanditaires sont d’abord et principalement des organisations publiques ou assimilables. Elles se situent à différentes échelles qui évoluent et nous surprennent parfois.

Depuis sa création CATHS travaille :

  • Au plus près du terrain avec les Communes et EPCI dans les approches résolutives des situations de mal-vivre dans lesquelles se trouvent des morceaux de leurs territoires et des pans de leur population. Ces approches se déclinent souvent sur des actions de temps relativement long depuis l’établissement de diagnostics sociaux, économiques, humains et urbains vers la production et l’appropriation d’espaces de vie, de travail et d’échanges de plein droit. Au plus près de l’ensemble des habitants de leur territoire de vie.

Ces actions se construisent sur des partenariats locaux élargis au contact direct des populations concernées et dans une pratique de transfert de compétences.

  • Pour les Départements dans l’évaluation des situations et besoins préalables à l’élaboration des schémas départementaux d’accueil et d’habitat. Ces documents d’orientations posent les enjeux et besoins de politiques territoriales élargies qui doivent inscrire dans une logique partagée la prise en compte et l’accompagnement fonctionnel des accueils différenciés des groupes itinérants.

Ces démarches à partir d’approche de flux et d’analyse d’exploitations des installations existantes conduisent au développement et à la mutualisation pour des réponses homogènes des besoins entre territoires voisines.

  • Avec l’Etat CATHS a porté des interventions sectorielles sensibles pour porter des problématiques complexes qui dépassaient les ingénieries courantes et nécessitaient une approche pluridisciplinaire structurée, suivent dans une durée significative pour construire une méthodologie et des actions développées avec les acteurs locaux.

Cette initialisation par l’Etat associe toujours dans une organisation complexe services régaliens et territoriaux pour un transfert progressif des actions.

Ces missions concernent souvent des situations bidonvillaires anciennes inscrites dans les politiques publiques de l’Etat, mais également des évaluations de mobilisation potentielles de coopération internationales dans l’approche des besoins de populations étrangères en situation de  précarité de longue durée et avec des droits restreints en France.

Il est également arrivé que CATHS intervienne en sollicitation directe ou au sein d’équipes projets pour des actions portées par des institutions internationales, Fond Social Européen (FSE), Banque Mondiale dans la mise en place d’études comparatives ou d’analyses d’action bénéficiant de financements supranationaux. Ces démarches s’inscrivent dans des démarches d’investigation comparatives des politiques publiques entre pays confrontés à des situations initiales comparables afin de permettre d’éventuelles mutualisations et retours d’expériences.

Un savoir-faire qui étudie, conseille et produit

Un des points forts de CATHS est d’avoir développé sa pluridisciplinarité en posant les limites de ses actions dans le champ du conseil tout en s’appuyant toujours sur sa capacité à faire et non pas seulement conseiller. Dès 1989 nos premiers projets d’architectes auprès des Gens du Voyage ont nécessité un travail de compréhension des échecs dominants pour en éviter la reproduction malgré le fatalisme absolu de nos commanditaires sur cette possibilité.

Cette volonté a initié notre collaboration avec l’association Tsiganes Solidarités puis celles constitutives de l’UNISAT au contact des gens du voyage eux-mêmes. Ce travail collaboratif et participatif a 4 ans plus tard abouti à la création de CATHS en s’appuyant sur nos premiers succès construits, et l’analyse de leurs limites. En particulier l’importance du phénomène d’ancrage local et l’exigence de construire une approche interculturelle professionnelle et respectueuse du droit si l’on voulait casser le phénomène d’enfermement communautariste et de ghettoïsation déjà largement engagé.

Face aux scepticismes cette approche nous a imposé de la rigueur et la production d’argumentaires adaptés dans toutes nos propositions, mais aussi de nous engager à les réaliser dans le cadre technique et financier des procédures existantes. Ce fut fait et pérennisé.

Sur ce socle de la production des ouvrages, aires d’accueil d’abord, très rapidement suivies par des habitats diversifiés, que s’est supposé puis développé le travail pluridisciplinaire de CATHS.

Du rejet à l’accueil, du ghetto à l’habitat, du bidonville à la décence, du travail clandestin à l’entreprise, de l’insalubrité subie en groupe à la santé publique … Tous ces chapitres formant un ensemble global de plus en plus large dans la compréhension d’un groupe social français aux modes de vie très structurés.

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