Une histoire de femmes et d’hommes

D’abord une rencontre entre des hommes engagés dans leurs métiers au service de tous et qui se disent que l’échec n’est jamais certain si l’on travaille ensemble. Cela a créé un noyau agrégateur.

  • Un visionnaire : le docteur Jean-Claude Guiraud
  • Des partenaires curieux et enthousiastes : Jean-Pierre Boitard diplômé de Sup de Co Paris qui imaginera la structure et Luc Monnin architecte
  • Un régulateur : Jean-Claude Maurin, sociologue discret et efficace, il fut le premier président

Ensemble ils développent et formalisent un bureau d’étude au sein duquel toutes les compétences sont associées et rémunérées pour un travail qui sera mené dans une approche professionnalisée sans jamais demander une quelconque subvention. Ce bout d’essai pyrénéen attire l’attention d’autres membres du réseau UNISAT qui tâtonnaient de leur côté pour mettre en place des actions en réponse aux besoins des familles sur leurs territoires. Après de premières expériences partagées et des besoins de développer ces méthodes de travail participatives de nouvelles volontés d’association se formalisent.

  • Les développeurs : En Seine Saint Denis, Martine Sciarli-Valazza directrice de l’ADEPT, soutenue par Bernard Provot, directeur de l’UNISAT ajoutent une compétence urbaine
  • La référence ethnologique : le professeur Alain Reyniers, enseignant à l’université Belge de Louvain La Neuve et directeur des Etudes Tsiganes a mis à disposition du GIE une capacité d’analyse adossé à un savoir de référence mondiale pour aider les réflexions des groupes de travail
  • Plus de droit : sous l’impulsion de Maître Jean Bonnard, avocat et Xavier Pousset directeur de l’ARTAG émerge une compétence juridique depuis le territoire lyonnais

Tous ces hommes, et cette femme, ont développé CATHS lui donnant une identité, une éthique, et faisant de cette petite structure expérimentale de professionnalisation du travail auprès des gens du voyage un bureau d’étude de référence aux niveaux national et européen. Ces acteurs, avec des rôles divers, restent des mémoires vivantes pour tous les membres.

Des structures différentes qui ont mutualisé leurs compétences

L’origine de CATHS a construit la réflexion sur la forme juridique possible de la structure : comment faire travailler ensemble, dans la durée, des entités foncièrement différentes comme des cabinets libéraux, des consultants et des associations ?

Fonctionnement qui devait se faire sans ambigüité quant aux statuts de chacun des membres et à la régularité de nos interventions, en particulier au regard du droit de la concurrence.

Cette certitude de devoir travailler ensemble autrement que par circonstances sans pour autant altérer les missions des uns et des autres ni la lecture de leurs charges a conduit à l’adoption de la forme juridique d’un Groupement d’Intérêt Economique (GIE) au sein duquel chacun est rémunéré au prorata de sa participation construite par mise à disposition de personnel, souvent expert, mission par mission. Dans cette organisation toute l’ingénierie, inscrite au registre du tribunal de commerce de Toulouse et fiscalisée, ressort en propre dans les états administratifs et comptables de chacun de ses membres.

Ce choix a été validé par des juristes et économistes et fait l’objet de contrôles réguliers à chaque fois que l’un ou l’autre des membres faisait l’objet d’un audit ou contrôle.

Aujourd’hui le bureau d’étude est administré par un conseil d’administration de 4 membres dans lequel chacun des membres dispose d’une voie égalitaire. En pratique c’est le principe du consensus qui est toujours privilégié dans nos démarches de développement et nos choix d’orientations professionnelles. Orientations en directions des publics discriminés qui avaient été précisées dans nos statuts et fais l’objet d’une charte éthique rédigée sous l’égide de Bernard Provot.

Une implantation nationale

Né à Toulouse et développé d’abord sur un territoire de proximité pour accompagner les créations d’aires d’accueil des gens du voyage, le partenariat ETS-Studio K a été confronté à la récurrence des demandes qui a produit CATHS.

Celui-ci formalisé, et après de premières publications sous l’égide de l’UNISAT (devenue FNASAT depuis), le groupement d’étude a été sollicité directement par les collectivités et départements proches. En l’absence de référentiel satisfaisant pour mener des approches globales il a commencé à développer ses propres approches méthodologiques dans un souci constant de traduire le besoin de l’usager en demande formelle inscrite dans les politiques publiques.

Dès 1994 notre équipe pose l’habitat stabilisé comme un corollaire indispensable de l’approche des besoins d’accueils et développe par confrontation et échanges avec de nombreuses structures médico-sociales du réseau UNISAT ainsi qu’avec les hommes ressources que sont Alain Reyniers et Bernard Provot des convictions sur l’insuffisante lecture dynamique des approches spatiales pour comprendre et formaliser les besoins effectifs des gens du voyage. Il en démarre une collaboration informelle mais continue qui interpelle des acteurs éloignés de Toulouse.

Dès 1995 Martine Sciarli-Valazza directrice de l’ADEPT, présidée par Bernard Provot, sollicite des collaborations qui deviennent très vite formelles et amènent l’adhésion de sa structure à CATHS. Dès lors elle pilote une antenne basée en Île de France qi rayonne sur tout le centre et nord de la France. Quelques temps après, alors que Michel Mombrun président de l’UNISAT n’a  pas obtenu que le réseau UNISAT pilote l’ingénierie, sous l’impulsion de Maître Jean Bonnard, l’ARTAG basée dans l’agglomération lyonnaise intègre à son tour le GIE.

Dès lors CATHS appuyé par des intervenants de haut niveau basés autour des grandes métropoles de Paris, Lyon et Toulouse intervient sur tout le territoire français.

Une vision transversale des problématiques

Le fondement du travail de CATHS, au travers cette pluridisciplinarité qui le constitue, c’est la certitude que les approches besoins et les ajouts de compétences ne s’inscrivent pas, dans le travail auprès des populations fragilisées, au travers d’une lecture hiérarchisée des choses. De fait quel que soit le niveau de qualification d’un coordonnateur de projet, c’est la capacité de construire des regards croisés qui permet de comprendre les situations et développer les scénarii résolutifs.

Si nous ne savons jamais à quelle solution formelle nous mènera un travail avec des familles, la certitude que nous avons acquise est que les pratiques de croisement disciplinaires dans une stratégie qui les valorise chacune au même niveau permet, avec l’acceptation du temps nécessaire, de toujours construire un projet vers une réponse résidentielle pertinente et inscrite dans les droits à l’habitat.

Bien évidemment ces résultats nécessitent une certaine humilité puisque chaque fois que nous démarrons une étude nous ignorons ou elle nous mènera et que les automatismes de travail que nous avons pu acquérir entre nous servent d’abord à remettre en question ce que nous entendons et pressentions éventuellement. Cette  démarche qui  permet de travailler sans présupposé des réponses nécessite pour autant une rigueur partagée par tous dans le travail auprès des familles et des collectivités ordonnatrices de nos missions. En effet elle  nous conduit systématiquement à reposer sur une réalité d’usage qui se découvre progressivement les orientations propres à chaque ménage au sein d’un projet collectif qui n’est jamais aussi homogène qu’il peut le paraitre en vision externe. Non pas que le groupe social visé ne soit pas constitué et connu des acteurs locaux mais plutôt parce que le travail final de rupture des situations de survie initiale qui génèrent les enkystements territoriaux ne se traduisent pas par des visions uniques du mieux vivre espéré.

S’appuyer sur les cultures et pratiques pour aller vers le droit commun

La plus grande certitude parmi les questions que nous posent toujours nos plus de 30 ans de pratiques au contact des gens du voyage c’est que tout ce travail ne peut se construire dans la production ou reproduction de schémas théoriques. Tout le travail de CATHS est construit autour du contact direct avec les ménages pour dépasser les apprentissages préalables et les confronter aux différentes réalités territoriales.

Autre approche méthodologique que nous mettons en œuvre en l’améliorant des expériences précédentes c’est la prise en compte et l’association des familles dans toutes les étapes de la construction d’un projet. Sachant que si les démarches dites participatives deviennent des expressions banales, les pratiques ne peuvent en aucun cas l’être et toutes n’ont pas la même valeur. Pour notre part et instruit grâce au docteur Guiraud des travaux du professeur Pissarro, nous privilégions systématiquement les participations des familles comme Auteures plus qu’actrices de leurs devenir résidentiels !

A titres individuels et collectifs.

Cette reconnaissance de la prégnance culturelle dans la construction des projets et des savoir-faire acquis dans le dialogue avec le reste des populations sédentaires des territoires est le moteur du développement des projets portés  par CATHS et un enjeu majeur d’inclusion sociale. L’appui sur ces pratiques culturelles et communautaires comme levier dans la définition de nouveau rapport aux populations urbaines accueillantes est une clé de prévention contre les enfermements communautaristes qui caractérisent tous les ghettos urbains et conduisent à des analyses de confrontation des pratiques plus que d’acceptation. Cette démarche de l’aller vers constitue une clé pour casser les ignorances.

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